10 mauvaises raisons de ne pas rester au Québec
J'ai été réveillée ce matin par un coup de fil d'un préposé aux services de l'immigration totalement paniqué . A priori, depuis deux semaines, les douaniers auraient comptabilisé l'arrivée de plus d'un million de français à la frontière canadienne !!! Complétement débordés, nos agents ont mené leur enquête et il s’avère que tout ce petit monde a décidé de tenter sa chance dans la Belle Province suite à la lecture de mon dernier billet intitulé "10 bonnes raisons de rester au Québec". J'avoue être un peu étonnée que seuls 10% de mes lecteurs aient tenté leur chance... je vous pensais plus aventureux. Mais ce n'est pas le propos.
Afin d'éviter que ce flux de maudit français ne continue, il m'a été expressément demandé d'y aller mollo sur les compliments envers ma terre d'accueil. Aussi, parce qu'on m'a payé très cher par honnêteté intellectuelle, j'ai décidé de vous concocter un billet sur ce qui nous plait moins au Québec.
Car, oui, il est vrai que les immigrés au Québec ont souvent tendance à brosser un tableau idéal de leurs aventures, passant sous silence ce qui est moins fun à raconter. Ce qui contribue alors à dresser une image faussée de la belle province, attirant ainsi des milliers d'étrangers, inconscients de ce qui les attend vraiment et déçus de ne pas croiser de caribous montés par des bucherons barbus en chemises à carreaux à chaque coin de rue. Ou tout autre cliché québecois.
Alors, ce billet ne signifie pas qu'on n'est pas contents d’être là ! Non, c'est juste que même si on adore vivre ici, nous avons la lucidité d'avouer qu'il y a certaines petites choses qui nous étonnent ou nous laissent perplexes. Par exemple, sans ordre particulier :
1-Le système bancaire :
Ça a beau faire 6 mois que je bosse dans une banque, je ne comprends toujours pas l'intérêt d'avoir une carte de crédit + une carte de débit, au lieu d'un tout en un. Pourquoi ? Pourquoi vous faites ça ? Ce n’est pas déjà assez compliqué de gérer ses sous ?
2-Le printemps :
Ou plutôt le printemps qui n'arrive jamais. On le sait, qu'il va faire froid en hiver. Ça ce n'est pas un soucis. Mais quand le 22 mars tu te prends une énorme tempête de neige dans la tronche, et rebelote début avril, c'est moins drôle. Et quand la neige a enfin fondu après des semaines d'hésitation mais que pas un bourgeon ne pointe le bout de son nez avant mi mai, là, on ne va pas se mentir, ça commence à faire long...
3-Une défense toute relative de la langue française :
Les Québécois disent défendre la langue française, et il est vrai qu’ils font un énorme travail à ce sujet, notamment à travers l’Office Québécois de la Langue Française… mais ca ne les gêne pas de dire céduler, canceller, napkin, cute, whatever… à tout bout de champ. Et à force, on commence à faire pareil !
4-Le prix de la bouffe :
Globalement la bouffe est plus chère qu’en France. Et quand on veut se faire un petit plaisir avec du fromage ou du vin, là les prix sont facilement multipliés par 3. Résultat : on est sobres et on ne mange plus de fromage. Non, je déconne, on est passés à la bière et on mange du fromage pouic-pouic !
5-La clim et le chauffage :
Partout, tout le temps, la clim est à fond ! Mais arrêtez : c’est mauvais pour les yeux, la gorge, la peau… et on se pèle les meules ! Par conséquence, dans les bureaux je m’habille pareil en hiver qu’en été alors qu'il peut y avoir 60 degrés d’écart entre les deux saisons ! A l’inverse, dans le métro, on ne risque pas de prendre froid. Il fait moins 20 dehors, tu as 3 couches de fringues sur le dos dont un manteau en poil de mammouth et là, tu rentres dans le métro où il fait bien 20 degrés. Et bim, sauna. Tranquille.
6-La difficulté à trouver une vraie job :
Trouver une job est facile. En revanche, trouver une job dans son secteur, correspondant à ses qualifications, l’est beaucoup moins. Autour de moi, la majorité des immigrés travaillant ici ont trouvé un emploi ou à un poste qui n’a rien à voir avec leur vie d’avant, ou à un niveau carrément plus bas que ce qu’ils avaient en France… ou les deux. C’est quasiment une étape obligée pour commencer. C’est relou, oui. Mais personne ne nous attend ici et il faut donc tout recommencer depuis le début pour faire ses preuves de nouveau.
7-Le mal que l'hiver fait à nos cheveux :
Bonnet en permanence, frottement des cheveux dans le manteau ou exposition à moins 30 degrés... C'est bien simple, au printemps, la demoiselle est bonne pour la tonte. Et ca, on n’en parle jamais dans les blogs ! Jamais ! La voila, l’horrible vérité sur l’immigration au Québec.
8-Les cuisinières :
C'est à dire les fours/plaques électriques. Y'a pas moyen, je n'ai jamais réussi à faire monter un gâteau dans ces cuisinières. Alors j'entends les mauvaises langues qui disent qu'en France ce n’était pas vraiment ça non plus… Et je vous zut.
9-Les toilettes publiques :
Vous vous rappelez des toilettes qu’on avait à l’école, quand on était en primaire? De simples cabines ouvertes en haut et en bas avec une petite porte… Ce sont les mêmes ici dans les lieux publics ou au boulot. Tu as un peu l’impression de faire pipi sur les genoux du voisin… Et quand tu as la vessie timide, c’est compliqué.
10-Les vacances :
Amis français, asseyez-vous. Amis fonctionnaires, allongez-vous. Ici la base, c’est deux semaines de vacances par an. La 3eme semaine étant obtenue après en moyenne 5 ans d’ancienneté. Et les RTT, allez-vous me dire… hahahaha ! Quelles RTT ? Ca fout un coup, oui, je sais.
Est-ce que tout ca nous a donné envie de partir ? Naaaaan, pas encore !
Et vous, à quoi n’arrivez vous toujours pas à vous faire ici ?