L'extraordinaire aventure de la cabane à sucre
Il est une ancienne légende, venue de la nuit des temps canadienne, qui se transmet, dans le plus grand respect de la tradition, de bouche à oreille de québécois : La légende de la cabane à sucre.
Il est dit que chaque québécois ayant survécu aux affres de l'hiver se verrait récompensé en découvrant la majestueuse opulence de la cabane à sucre. Selon cette légende personne au monde n'a jamais vu un repas comme celui-là, délicieux, hypercalorique et entièrement arrosé de sirop d'érable. Pas même sur la table de Poudlard. Ni sur la table du Pays Imaginaire. Nop !
C'est pourquoi après un hiver particulièrement rude, une troupe de jeunes pèlerins étrangers lassés de se nourrir de poutine et pâtés chinois affamés, décida de se mettre en quête de cette récompense.
Après des semaines de préparatifs, et un entrainement digne des Canadiens de Montreal, nos douze héros étaient fin prêts à partir. Soudain, pour les éprouver un peu plus encore, se leva une violente tempête de neige, événement totalement improbable au printemps (En fait je dis ça pour l'effet dramatique, mais une tempête de neige le 22 mars n'a rien d'extraordinaire ici, c'est juste pas de bol. Mais faisons comme si...). Mais comment allaient-ils pouvoir voyager à travers les forêts enneigées pour rejoindre la cabane à sucre, pris ainsi dans le vent et la blancheur totale ? N'écoutant que leur courage -et leurs ventres- ils enfourchèrent leurs dragons de fer et se laissèrent guider par leur instinct. Et le GPS.
Après plusieurs heures de vol chaotique, éreintés et au bord de l'hypoglycémie, enfin, nos voyageurs aperçurent en haut d'une colline, à peine visible sous la tempête, une petite cabane de bois malmenée par les éléments mais résistant fièrement. Quelques minutes plus tard, après avoir garé les dragons de fer au parking, notre troupe pu enfin ramper se mettre à l'abris.
Et c'est alors qu'ils la virent : au milieu d'une grande salle construite entièrement de bois, une immense table dressée pour les grands jours, les attendaient. A peine assis, une fée virevoltante leur servi une soupe brulante, que tous arrosèrent copieusement de sirop d'érable. Enfin les corps se réchauffaient, les estomacs se remplissaient ! Et alors que défilaient sur la table des omelettes aériennes, du bacon croustillant, des saucisses moelleuse au sirop d'érable, des oreilles de criss craquantes, des pommes-de-terre juste dorées et des fèves au sirop onctueuses, au loin, le bruit du vent s'estompa et la neige cessa de tomber. La nature rendait les armes devant la persévérance de nos voyageurs qui goûtaient enfin au bonheur québécois.
Alors que le temps semblait suspendu dans une douce béatitude, nos pèlerins ne perdaient pas leur objectif de vue et, à force de volonté - et parce que l'heure tourne, ma bonne dame- réussirent s'extraire de leur cocon pour tenter de percer l'ultime secret de la cabane à sucre : la fabrication du sirop d'érable.
C'est ainsi qu'il découvrirent, sous un ciel désormais clair, une immense forêt d'érables, tous reliés entre eux par des tuyaux, extrayant de leur tronc le précieux jus d'érable. Comme le leur appris le Gardien des Arbres, un mage bourru donc la vocation était de s'occuper des érablières, des températures négatives la nuit et positives le jour et une formule magique psalmodiée en langue elfique, permettait la montée de la sève et ainsi sa récolte. Il faudrait ensuite faire chauffer ce jus afin de le faire réduire d'à peu près 50 fois son volume pour obtenir le précieux sirop. Voilà, chers amis, quel est le secret de l'ambre québécois.
Pour finir, le Gardien des Arbres leur fit découvrir la Tire d'érable : du sirop d'érable délicatement versé sur la neige, à enrouler autour d'un bâton pour en faire une sucette. Un délice autour duquel ils promirent de ne jamais rien révéler de leur périple.
Enfin, heureux et fatigués après une bataille de boules de neige, chacun remonta à dos de dragon, prêt à prendre le chemin du retour. Et tandis qu'ils s'éloignaient à tire d'ailes, derrière nos voyageurs, la brume s'épaissit doucement rendant de nouveau invisible à leurs yeux le chemin de la cabane à sucre.
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